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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 2, 1910.djvu/354

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À NOS LECTEURS





Depuis qu’ont été écrites les dernières grandes Histoires de France, depuis Henri Martin et Michelet, sur nos provinces et sur nos villes, sur les règnes et les institutions, sur les personnes et sur les événements, un immense travail a été accompli.

Le moment était venu d’établir le résumé de ce demi-siècle d’études et de coordonner dans une œuvre d’ensemble les résultats de cette incomparable enquête.

Une pareille tâche ne pouvait être entreprise que sous la direction d’un historien qui fût en même temps un lettré. Nous nous sommes adressés à M. E. Lavisse, qui a choisi ses collaborateurs parmi les maîtres de nos jeunes Universités.

D’accord sur les principes d’une même méthode, ils ont décrit les transformations politiques et sociales de la France, l’évolution des mœurs et des idées et les relations de notre peuple avec l’étranger, en s’attachant aux grands faits de conséquence longue et aux personnages dont l’action a été considérable et persistante.

Ils n’ont eu ni passions ni préjugés.

Le temps n’est pas encore lointain où l’histoire de l’ancienne France était un sujet de polémique entre les amis et les ennemis de la Révolution.

À présent tous les hommes libres d’esprit pensent qu’il est puéril de reprocher aux ancêtres d’avoir cru à des idées et de s’être passionnés pour des sentiments qui ne sont pas les nôtres. L’historien, sachant que, de tout temps, les hommes ont cherché de leur mieux les meilleures conditions de vie, essaie de ne les pas juger d’un esprit préconçu.