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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 5, 1904.djvu/202

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LA RÉVOLUTION


s’applaudissent de leur coup de main, ils en préparent un autre, et leur marche sur Aix n’est que la première étape de la campagne longuement méditée par laquelle ils vont s’emparer d’Arles.

III

En effet, il n’y a pas de cité qui leur soit plus odieuse. — Pendant deux ans, conduite ou poussée par M. d’Antonelle son maire, elle a marché avec eux ou a été à leur suite. À plusieurs reprises, Antonelle, ultra-révolutionnaire, est allé, de sa personne, encourager les bandits d’Avignon ; pour leur fournir des canons et des munitions, il a dégarni la tour Saint-Louis de son artillerie, au risque de livrer l’embouchure du Rhône aux corsaires barbaresques[1]. De concert avec ses alliés du Comtat, avec le club de Marseille, avec ses suppôts des bourgades voisines, il domine dans Arles « par la terreur », et 300 hommes du quartier de la Monnaie, artisans ou mariniers, gens aux bras forts et aux mains rudes, lui servent de satellites. Le 6 juin 1791, de leur autorité privée, ils ont chassé des prêtres insermentés qui s’étaient réfugiés dans la ville[2]. — Mais, là-dessus,

    sent s’assujettir aux formes lentes de la justice, quand il est question de leur sûreté personnelle et de sauver la patrie ? »

  1. Archives nationales, F7, 3197. Lettres des trois commissaires, passim, notamment 11 mai, 10 et 19 juin 1791 (sur les affaires d’Arles) : « La classe des propriétaires y était opprimée depuis longtemps… Quelques factieux dominaient par la terreur les honnêtes gens, qui gémissaient en secret. »
  2. Ib. Lettres des commissaires, 19 juin : « Un membre de la