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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 5, 1904.djvu/221

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LA PREMIÈRE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


l’amnistie proclamée un mois avant leur dernier forfait. — Mais les souverains des Bouches-du-Rhône n’entendent pas que l’élargissement de leurs frères et alliés soit une grâce : aux égorgeurs de la Glacière, il faut mieux que le pardon et l’oubli. Le 29 avril 1792, Rébecqui et Bertin, les conquérants d’Arles, avec trois bataillons marseillais, entrent dans Avignon[1] : en tête du cortège sont trente à quarante des principaux meurtriers, auxquels l’Assemblée législative elle-même a ordonné de réintégrer leur prison, Duprat, Mainvielle, Tournal, Mende, puis Jourdan couronné de laurier, en uniforme de commandant général, sur un cheval blanc, enfin les dames Duprat, Mainvielle et Tournal, en amazones, sur une sorte de char de triomphe ; pendant la marche on entend crier que « cette fois la Glacière sera pleine ». — À leur approche, les fonctionnaires publics se sont enfuis ; 1 200 personnes ont quitté la ville. Aussitôt, sous la protection des baïonnettes marseillaises, chaque terroriste rentre dans sa place, comme un propriétaire dans sa maison ; l’ancien juge Raphel et son greffier, tous deux décrétés de prise de corps, exercent publiquement leur office, et les parents des malheureux

    2227 voix, et l’officier municipal qui vient le dernier sur la liste en a 1890. Tous sont constitutionnels et modérés.

  1. Archives nationales, F7, 3196. Procès-verbal d’Augier et Fabre, administrateurs des Bouches-du-Rhône, Avignon, 11 mai 1792. — Moniteur, XII, 313. Rapport du ministre de la justice, 5 mai. — XII, 324. Pétition de 40 Avignonnais, 7 mai. — XII, 334. Procès-verbal de Pinet, commissaire de la Drôme, envoyé à Avignon. — XII, 354. Rapport de M. Chassaignac et autres discours, 10 mai. — XI, 741. Lettre des commissaires civils et de la municipalité d’Avignon, 23 mars.