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LA PREMIÈRE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


habitude de céder toujours, par son parti pris, déclaré et soutenu depuis trois ans, de ne jamais faire la guerre civile, par son humanité obstinée, et surtout par sa mansuétude religieuse. Systématiquement, il a éteint en lui l’instinct animal de résistance, l’étincelle de colère qui s’allume en chacun de nous sous l’agression injuste et brutale ; le chrétien a supplanté le roi ; il ne sait plus que son devoir est d’être homme d’épée, qu’en se livrant il livre l’État, et qu’en se résignant comme un mouton il mène avec lui tous les honnêtes gens à la boucherie. — « Allons, dit-il en levant la main droite, donnons, puisqu’il le faut encore, cette dernière marque de dévouement[1]. » Accompagné de sa famille et de ses ministres, il se met en marche entre deux haies de gardes nationaux et de Suisses[2], arrive à l’Assemblée qui a

    autrement monstre que Charles IX. » — « On trouva dans les caves plusieurs milliers de torches apparemment déposées là pour incendier Paris au signal du moderne Néron. » — No du 18 août : « La place de Louis Néron et de Médicis Antoinette n’est point dans les tours du Temple ; le soir même du 10 août, leur tête devait tomber sous la guillotine. » (Détails circonstanciés d’un projet du roi pour faire massacrer les députés patriotes, intimider Paris par le pillage en grand et par la guillotine en permanence.) — « L’ogre couronné et sa panthère autrichienne… »

  1. Récit du ministre Dejoly (écrit quatre jours après l’événement). Le roi part vers huit heures et demie. — Cf. Mémoires de Mme Campan, et Moniteur, XIII, 378.
  2. Révolutions de Paris, no du 18 août. Un sans-culotte sort des rangs, veut empêcher le roi de passer ; l’officier de garde le raisonne, et là-dessus le sans-culotte tend la main au roi : « Touchez là, f…, vous aurez pris la main d’un brave homme. Mais je n’entends pas que votre g… de femme aille avec vous à l’Assemblée ; nous n’avons pas besoin de cette p… » — « Louis XVI, dit Prudhomme, continua son chemin, sans être frappé du