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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 5, 1904.djvu/54

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LA RÉVOLUTION


une harangue ou tient une plume, bien mieux, la souveraineté effective, la nomination de toutes les autorités locales et centrales. À eux d’élire, non seulement les députés, mais les fonctionnaires de toute espèce et de tout degré, administrateurs de commune, de district et de département, officiers de la garde nationale, juges au civil et au criminel, évêques et curés ; de plus, afin de mieux soumettre l’élu aux électeurs, la loi, ordinairement, ne le laisse en charge que pour un temps très court[1] ; en sorte que, tous les quatre mois environ, la machine électorale se remet en branle et appelle le souverain à exercer sa souveraineté. — C’est beaucoup, et même le souverain trouve tout de suite que c’est trop : il est insupportable de voter si souvent ; tant de prérogatives finissent par devenir une corvée ; dès les premiers mois de 1790, la majorité s’en dispense, et le chiffre des absents est énorme. À Chartres, en mai 1790[2], sur 1551 citoyens actifs, il y en a 1447 qui ne viennent pas aux assemblées primaires. Pour la nomination du maire et des officiers municipaux, à Besançon, sur 3200 électeurs inscrits, on compte 2141 absents en janvier 1790, et 2900 au mois de novembre suivant[3]. À Grenoble, au mois d’août et de novembre de la même année, sur 2500 inscrits, on compte plus de 2000 absents[4]. À Limoges, sur un nombre à peu près égal d’inscrits, il ne se trouve que

  1. Cf. La Révolution, IV, 34.
  2. Moniteur, IV, 495. Lettre de Chartres, 27 mai 1790.
  3. Sauzay, I, 147, 195, 218, 711.
  4. Mercure de France, nos des 7, 14, 28 août, 18 décembre 1790.