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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 5, 1904.djvu/62

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LA RÉVOLUTION


villes, à Paris, Lyon, Aix, Bordeaux, il y en a deux, associés[1], l’un plus ou moins décent, parlementaire, « composé en partie des membres des divers corps administratifs, qui s’occupe plus particulièrement des objets d’une utilité générale », l’autre actif, pratique, où des raisonneurs de cabaret et des harangueurs de café endoctrinent les ouvriers, les maraîchers, les petits bourgeois. Le second est la succursale du premier et lui ramasse, pour les cas urgents, des faiseurs d’émeute. « Nous sommes parmi le peuple, écrit l’un de ces clubs subalternes, nous lui lisons les décrets, nous le prémunissons contre les productions et les menées aristocratiques par des lectures et par des conseils. Nous furetons, nous dépistons tous les complots, toutes les manœuvres. Nous, accueillons, nous conseillons tous ceux qui croient avoir à se plaindre ; nous appuyons leurs réclamations quand elles sont justes ; enfin nous nous chargeons en quelque sorte des détails. » — Grâce à ces auxiliaires grossiers, mais dont les poumons et les bras sont vigoureux, le parti prend l’ascendant ; ayant la force, il en use, et, déniant tous les droits à ses adversaires, il rétablit tous les privilèges à son profit.

III

Considérons sa façon d’agir en un seul exemple et sur un terrain limité, la liberté d’écrire. — Au mois de

  1. Journal des Amis de la Constitution, I, 534. Lettre du club du Café National de Bordeaux, 29 janvier 1791. — Guillon de Montléon, I, 88. — La Révolution, IV, 36, 88.