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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 6, 1904.djvu/236

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LA RÉVOLUTION


voudraient confier l’épuration de Paris à la sagacité de l’instinct populaire. « En phrases coupées et non déterminées, » ils disent au peuple : « Lève-toi et agis d’après les mouvements de ton âme, puisque je ne puis te donner des conseils qui feraient fuir ceux que tu dois frapper. » Au contraire, Varlet propose un projet de salut public, très précis et complet, en quinze articles : « enlever les députés de la Plaine et autres députés de l’Assemblée constituante et législative, tous les nobles, prêtres, robins, etc. ; exterminer toute cette race et les Bourbons, avec suppression entière des ministres. » De son côté, Hébert, parlant des Girondins, écrit dans sa gazette que « la dernière heure de leur mort va sonner », et que, « lorsque leur sang impur sera versé, les aboyeurs de l’aristocratie rentreront dans leurs caves, comme au 10 août. » — Naturellement, les tueurs de profession sont avertis. Un certain Laforêt, fripier au quai du Louvre, qui, avec sa femme, s’est déjà distingué au 2 septembre, calcule « qu’ils sont à Paris six mille sans-culottes prêts à massacrer, au premier signal, les mauvais députés et huit mille pétitionnaires », sans doute les pétitionnaires qui, dans plusieurs sections, ont signé des adresses à la Convention contre la Commune. — Un autre septembriseur[1],

    crit pour les veuves et les enfants des morts sans acception de parti. — Cf. Lauvergne, Histoire du Var, 175. Même spectacle à Toulon (insurrection des modérés, 12 et 13 juillet 1793). — À Toulon comme à Lyon, il n’y a eu aucun meurtre après la victoire, mais seulement jugement régulier, puis exécution de deux ou trois assassins dont les crimes furent légalement prouvés.

  1. Schmidt, I, 335. Rapport de Perrière, 29 mai.