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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 8, 1904.djvu/363

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LA FIN DU GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE


n’ose pas, comme le Comité de Salut public, l’enfoncer jusqu’à la garde ; s’il la maniait à l’ancienne façon, elle pourrait bien lui échapper ; dans son propre camp, les furibonds sont prêts à lui en arracher la poignée pour lui en faire sentir la lame. Il faut bien qu’il se défende contre les clubs renaissants, contre Babeuf et ses complices, contre les désespérés qui, par un coup de main nocturne, essayent de soulever le camp de Grenelle : ils sont là, dans Paris, quatre ou cinq mille entrepreneurs « d’une Saint-Barthélemy civique » ; en tête, les anciens conventionnels qui n’ont pu se faire réélire, Drouet, Amar, Vadier, Ricord, Laignelot, Choudieu, Huguet, Cusset, Javogues ; à côté d’eux, des amis de Châlier, des sectateurs de Robespierre ou de Marat, des disciples de Saint-Just, Bertrand de Lyon, Buonarroti, Antonelle, Rossignol et Babeuf ; derrière eux, les bandits de la rue, « ceux qui ont arsouillé pendant la Révolution », concussionnaires sans place ou septembriseurs sans emploi, bref le reliquat de la clique terroriste ou de l’armée révolutionnaire ; leur plan, conforme à leurs précédents, à leur caractère et à leurs principes, consiste, non seulement à expédier « les scélérats à porte cochère, les richards, les accapareurs », tous les députés et fonctionnaires qui ne se démettront pas à la première sommation, mais encore et particulièrement à tuer « le général de l’intérieur, son état-major, les sept ministres et les cinq panachés du Luxembourg », c’est-à-dire les cinq Directeurs eux-mêmes : de tels alliés sont incommodes. — Sans doute