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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 8, 1904.djvu/41

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LES GOUVERNANTS


ni des convictions ne la conduisent ; pendant les trois premières années de la Révolution, elle n’a ni vaqué, ni pensé aux affaires publiques ; si, depuis le 10 août et surtout depuis le 2 juin, elle s’en occupe, c’est pour en vivre et se gorger. — Sur dix-huit membres, simultanés ou successifs, du Comité du Bonnet Rouge, quatorze, avant le 10 août et surtout avant le 2 juin, étaient inconnus dans le quartier et n’avaient pris aucune part à la Révolution. Les plus considérables sont trois peintres en armoiries, en équipages ou en miniature, visiblement ruinés et désœuvrés par la Révolution, un marchand chandelier, un marchand de vinaigre, un salpêtrier, un serrurier ; et, de ces sept personnages, quatre ont relevé la dignité de leur état en se faisant, par surcroît, placeurs de billets de petite loterie, prêteurs sur gages ou souteneurs de biribi. Avec eux siègent deux domestiques de grande maison, un cocher, un ex-gendarme chassé de la gendarmerie, un savetier du coin, un commissionnaire du coin qui a été garçon charron, un autre commissionnaire du coin qui, deux mois auparavant, était garçon vidangeur, celui-ci sans le sou et en haillons avant d’entrer au comité, depuis très bien vêtu, logé et meublé, enfin un ci-devant vendeur de billets de loterie sans domicile, faussaire, et, de son propre aveu, repris de justice. Quatre autres ont été renvoyés de leurs places pour infidélité ou escroqueries ; trois sont des ivrognes connus ; deux ne sont

    de la rue de Sèvres). Le narrateur y a été reclus dans les derniers mois de la Terreur.