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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 8, 1904.djvu/417

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LA FIN DU GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE


nagé faute de poids, soulevés, comme une écume sale, à la cime de la dernière vague, voilà les misérables qui garottent la France sous prétexte de la rendre libre, qui saignent la France sous prétexte de la rendre forte, qui conquièrent les peuples sous prétexte de les affranchir, qui dépouillent les peuples sous prétexte de les régénérer, et qui, de Brest à Lucerne, d’Amsterdam à Naples, tuent et volent en grand, par système, pour affermir la dictature incohérente de leur brutalité, de leur ineptie et de leur corruption.

IX

Encore cette fois, le jacobinisme triomphant a manifesté sa nature antisociale, sa faculté de détruire, son impuissance à construire. — Vaincue et découragée, la nation ne lui résiste plus ; mais, si elle le subit, c’est comme la peste, et ses déportations, ses épurations administratives, ses arrêtés pour mettre les villes en état de siège, ses violences quotidiennes ne font qu’exaspérer l’antipathie muette. « On a tout fait, dit un Jacobin de bonne foi[1], pour aliéner à la Révolution et à la République l’immense majorité des citoyens et ceux mêmes qui avaient concouru à la chute de la monarchie… À mesure que nous avons avancé dans la route révolutionnaire, au lieu de voir les amis de la Révolution augmenter,… nous avons vu nos rangs s’éclaircir et les premiers défenseurs de la liberté se détacher de notre cause. » Impossible aux Jacobins de se rallier la

  1. Sauzay, X, 471. Discours du représentant Briot, 29 août 1799).