Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 9, 1904.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
NAPOLÉON BONAPARTE


gens, l’humanité et l’hospitalité, avec quel abus de la force, par quel tissus de brutalités et de fourberies[1], avec quelle oppression de l’allié et quelle spoliation du vaincu, par quel brigandage soldatesque exercé sur les peuples en temps de guerre, par quelle exploitation systématique pratiquée sur les peuples en temps de paix[2], il faudrait des volumes pour l’écrire. — Aussi

  1. On connaît l’affaire d’Espagne ; ses procédés à l’endroit du Portugal sont antérieurs et du même ordre. — Correspondance (Lettre à Junot, 31 octobre 1807) : « Je vous ai déjà fait connaître qu’en vous autorisant à entrer comme auxiliaire, c’était pour que vous puissiez vous rendre maître de la flotte (portugaise), mais que mon parti était décidément pris de m’emparer du Portugal. » — (Lettre à Junot, 23 décembre 1807) : « Que le pays soit désarmé ; que toutes les troupes portugaises soient dirigées en France,… je désire en débarrasser le pays ; que tous les princes, ministres et autres hommes qui peuvent servir de point de ralliement soient envoyés en France. » — (Décret du 23 décembre 1807) : « Une contribution extraordinaire de 100 millions de francs sera imposée au royaume de Portugal pour servir au rachat de toutes les propriétés, sous quelque dénomination qu’elles soient, appartenant à des particuliers… Tous les biens appartenant à la reine de Portugal, au prince régent et aux princes apanagés,… tous les biens des seigneurs qui ont suivi le roi dans son abandon du pays et qui ne seraient pas rentrés dans le royaume avant le 1er février, seront mis sous le séquestre. » — Cf. comte d’Haussonville, l’Église romaine et le premier Empire, 5 volumes (notamment les trois derniers). Aucun autre ouvrage ne fait toucher mieux et de plus près le but et les procédés politiques de Napoléon.
  2. Souvenirs du feu duc de Broglie, 143 (Spécimen des procédés en temps de guerre : registre des arrêtés du maréchal Bessières, commandant à Valladolid, du 11 avril au 15 juillet 1811). — Correspondance du roi Jérôme, lettre de Jérôme à Napoléon, 5 décembre 1811 (Spécimen de la situation des peuples vaincus en temps de paix) : « Si la guerre vient à éclater, toutes les contrées entre le Rhin et l’Oder seront le foyer d’une vaste et active insurrection. La cause puissante de ce mouvement dangereux n’est pas seulement dans la haine contre les Français et l’impa-