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Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/142

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Ce qu’il y a de plus charmant ici, c’est ce qu’on rencontre en chemin sans s’y attendre : tantôt le palais du Quirinal au sommet d’une colline, tout entier détaché dans l’air grisâtre, en face les chevaux et les colosses de marbre, un peu plus loin les verdures pâles d’un jardin et un horizon immense où fondent les nuages ; tantôt un couvent arménien avec ses eaux d’arrosement qui courent dans des rigoles de pierre, avec ses palmiers jetés au hasard, avec son énorme vigne, qui à elle seule fait un berceau, avec ses beaux orangers si nobles et si tranquilles sous leurs pommes d’or. Des figuiers d’Afrique viennent chauffer leurs plaques épineuses le long des roches ; les branches fines des arbres commencent à verdir ; on n’entend que le bruit presque insensible d’une petite pluie tiède. Qu’on serait bien ici pour être oisif, regarder ses sensations intimes ! Mais il faudrait avoir l’âme toujours gaie ou du moins toujours saine.