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Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/166

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de la beauté consiste dans la vivacité nerveuse, surtout dans l’arrangement coquet de l’enveloppe lustrée, dans l’appareil compliqué et diamanté qui bruit alentour. — Au contraire, ici le pied nu montre tout de suite que la longue tunique n’est qu’un voile sans importance. La ceinture est une simple corde nouée par le premier nœud venu au-dessous du sein ; les deux seins soulèvent l’étoffe ; la tunique, agrafée sur l’épaule, n’est pas large à cet endroit de plus de deux doigts, en sorte qu’on sent l’épaule se continuer dans le bras, qui est ample, fort, et ne ressemble pas à ces pattes filamenteuses qui pendent aujourd’hui des deux côtés d’un corset. Dès qu’il y a corset, il n’y a plus de corps naturel ; au contraire, tout ce vêtement peut se mettre et se défaire en un instant ; ce n’est qu’un linge qu’on a pris et dont on s’enveloppe.

Tout cela est dans le Braccio-Nuovo, et en outre quantité d’autres statues, celle d’Auguste, de Tibère ; à côté de chaque grande figure est un buste d’empereur. On ne peut tout noter ; je remarque seulement une Julie, fille de Titus. Le corps est encore beau, mais la tête porte les ridicules bouffantes modernes. Ce seul ornement suffit pour détruire l’effet de la sculpture et toute l’idée antique.

De là on suit un long corridor peuplé aussi de débris grecs et romains, et l’on arrive au musée Pio-Clementino, où les œuvres d’art sont séparées et groupées chacune autour de quelque pièce capitale, dans des chambres de moyenne grandeur. Je ne dis rien des objets simplement curieux, de ce tombeau des Scipions si précieux pour les antiquaires, si simple de forme, et dont la pierre semble de la cendre cuite. Les hommes