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Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/245

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Les villas.


Rien ne m’a plus intéressé dans les villas romaines que leurs anciens maîtres. Les naturalistes le savent, on comprend très-bien l’animal d’après la coquille.

L’endroit où j’ai commencé à le comprendre est la villa Albani, bâtie au dix-huitième siècle pour le cardinal Alexandre Albani et sur son propre plan. Ce qu’on y devine tout de suite, c’est le grand seigneur homme de cour à la façon des nobles de notre dix-septième siècle. Il y a des différences, mais les deux goûts sont voisins. C’est l’art et l’arrangement que par-dessus tout ils aiment ; aucune liberté n’est laissée à la nature, tout est factice. L’eau ne s’élance qu’en jets et en panaches, elle n’a pour lits que des vasques et des urnes. Les pelouses sont enfermées dans d’énormes haies de buis plus hautes qu’un homme, épaisses comme des murailles, et formant des triangles géométriques dont toutes les pointes aboutissent à un centre. Sur le devant s’étend une palissade serrée et alignée de petits cyprès. On monte d’un jardin à l’autre par de larges escaliers de pierre, semblables à ceux de Versailles. Les plates-bandes de fleurs sont enfermées dans de petits cadres