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Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/395

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en a une autre aussi sûre, l’atto sintetico, l’élan de toute la personne, la croyance et l’enthousiasme naturel par lequel l’âme, sans raisonnement ni analyse, découvre et comprend Dieu d’abord et ensuite le Christ. Cette foi généreuse et passionnée par laquelle nous embrassons la beauté, la bonté, la vérité, en elles-mêmes et dans leur source, est seule capable de réunir les hommes en une communauté fraternelle, de les pousser aux belles actions, au dévouement, au sacrifice. Or cette communauté est l’Église catholique ; partant, tout en maintenant son Évangile immuable, l’Église doit s’accommoder aux variations de la société civile : elle le peut, puisqu’elle renferme en son sein « une variété inépuisable de formes ». Elle est sur le point de subir une de ces métamorphoses, mais elle restera, conformément à son essence, « la maîtresse de la morale. » — Tout cela ne définit pas la métamorphose, et le P. Tosti lui-même dit qu’elle est un secret entre les mains de Dieu[1].

Là-dessus le comte N…, un fin et perçant esprit italien que je commence à beaucoup aimer et à bien connaître, m’a tiré à part dans un coin sombre et m’a dit : « Ces jeunes gens vont entrer dans la poésie, essayons d’en sortir. Mettons de côté pour un instant la sympathie, le patriotisme, la rancune ou les espérances ; considérons le catholicisme comme un fait ; tâchons de compter les forces qui le soutiennent et de voir dans quel sens et dans quelles limites la civilisation moderne contre-pèse ou infléchit leur action. » Ainsi posée, la question est un problème de mécanique morale, et voici,

  1. Prolegomeni alla storia universale della Chiesa.