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Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/397

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peu éclairée. Sans doute il en reste encore, il en restera toujours quelque chose ; mais c’est une vieille enveloppe qui s’amincit, se troue et s’en va.

La seconde de ces forces est la possession d’une métaphysique complète, formulée et fixée. À ce titre, le catholicisme est en guerre ouverte, sinon avec les sciences expérimentales, du moins avec leur esprit, leur méthode et leur philosophie. Sans doute il peut tourner, transiger, tenir ferme sur des points particuliers, dire que Moïse a prévu la théorie de l’éther lumineux, puisqu’il fait naître la lumière avant le soleil, prétendre que les périodes géologiques sont à peu près indiquées dans les journées de la Genèse, choisir ses postes dans les terrains inexplorés, ardus ou embarrassés, comme la génération spontanée, les fonctions cérébrales, le langage primordial, etc. Néanmoins il répugne invinciblement à la doctrine qui soumet toute affirmation au contrôle des expériences répétées et des analogies environnantes, qui pose en principe l’immuabilité des lois physiques et morales, qui réduit les entités à n’être que des signes commodes pour noter les faits généraux. En effet, il a conçu sa métaphysique à une époque d’exaltation et de subtilité extraordinaires, où de toutes parts les esprits, échafaudant triades sur triades, ne voyaient plus dans la nature qu’un marchepied obscur perdu sous les arcades superposées, resplendissantes, interminables, des êtres mystiques et surnaturels. — Cette hostilité constatée, il faut remarquer que les découvertes des sciences, leurs applications à la vie courante, leurs empiétements dans les domaines inexplorés, leur ascendant sur les opinions humaines, leur influence sur l’éducation et les habitudes de l’esprit, leur domination sur les