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Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/407

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Dimanche des Rameaux.


Depuis huit jours nous passons la moitié de nos journées à Saint-Pierre. Nous regardons une cérémonie, puis nous nous asseyons au dehors sur les escaliers ; la place, enserrée dans ses colonnades, tachée de points humains qui remuent, traversée de processions muettes, est à elle seule un spectacle. Sur la place, par le plus beau soleil, entre les panaches blancs des fontaines, on regarde ces processions qui montent, moines à cagoules, violets, rouges ou noirs, orphelines, élèves des séminaires, une foule bigarrée de visiteurs, de femmes voilées de noir, de soldats, qui se croise et ondoie. Les voitures des monsignori arrivent une à une avec leur décoration de cochers et de laquais chamarrés : il y en a trois par derrière, deux accrochés à la voiture, le troisième aux deux autres. Ces domestiques sont précieux : voyez-les dans les tableaux d’Heilbuth, importants et tranquilles, avec des habits neufs qui ont l’air un peu vieux, ou des habits vieux qui ont l’air un peu neuf, demi-bedeaux, demi-laquais, sachant qu’ils brossent la soutane d’un pape possible, et qu’ils sont plus près du ciel que les autres hommes, convaincus que leur âme