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Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/79

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fer : dans la pensée des anciens, elle était un des offices de l’homme, un simple terme de la vie, chose grave et non hideuse, qu’on envisageait en face sans le frissonnement d’Hamlet. On avait dans sa maison les cendres ou les images de ses ancêtres ; on les saluait en entrant, les vivants restaient en commerce avec eux ; à l’entrée de la ville, leurs tombeaux, rangés des deux côtés de la voie, semblaient une première cité, celle des fondateurs. Hippias, dans un dialogue de Platon, dit que « ce qu’il y a de plus beau pour un homme, c’est d’être riche, bien portant, honoré par les Grecs, de parvenir à la vieillesse, de faire de belles funérailles à ses parents quand ils meurent, et de recevoir lui-même de ses enfants une belle et magnifique sépulture. »

La vraie histoire serait celle des cinq ou six idées qui règnent dans une tête d’homme : comment un homme ordinaire, il y a deux mille ans, considérait-il la mort, la gloire, le bien-être, la patrie, l’amour, le bonheur ? — Deux idées ont gouverné cette civilisation antique, — la première, qui est celle de l’homme ; la seconde, qui est celle de la cité : — faire un bel animal, dispos, sobre, brave, endurant, complet, et cela par l’exercice corporel et le choix des bonnes races ; — faire une petite société fermée, comprenant en son sein tout ce que l’homme peut aimer ou respecter, sorte de camp permanent avec les exigences militaires du danger continu. — Ces deux idées ont produit les autres.