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Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/140

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passion qu’on avoit de voir une mère soutenir l’honneur de sa fille, mettoit tout le monde du côté de la petite. À Rennes, où l’affaire fut renvoyée, madame de Pisieux, madame de La Chastre et autres firent une telle cabale avec les femmes des conseillers et des présidents à qui elles rendirent tous les soins imaginables, que la fille ne gagna pas seulement son procès, mais qu’après cela on la mit sur une espèce de char, couronnée de lauriers, et on la fit aller ainsi par toute la ville. Toutes les femmes étoient si irritées contre Senecterre, qu’il sortit de la ville plus vite que le pas, quoique le maréchal de La Meilleraye eût sollicité pour lui.

En 1659 il arriva à Rennes une chose quasi pareille. Un gentilhomme nommé La Bussière, qui étoit des amis de M. de Lionne, maria sa fille à un cadet d’un gentilhomme nommé Brécourt : ce cadet s’appelle Sainte-Sesonne. Le père n’y consentit point. La Bussière meurt et son gendre aussi. Brécourt veut faire casser le mariage. L’affaire est envoyée à Rennes. Lionne la recommande à Delorme. La veuve, qui est bien faite, va avec sa mère, femme intelligente, descend par la Loire à Nantes ; là, elles trouvent un carrosse à six chevaux sans qu’on sût qui l’envoyoit, et dans les hôtelleries jusqu’à Rennes on ne prit point de leur argent. Là, tout le monde sollicita pour elles. Les porteurs de chaises, les laquais, le menu peuple,

    1656, pag. 68.) On lit dans les Proverbes en rimes ou Rimes en proverbes de Le Duc, Paris, 1664, in-12 :

    Mariage de Jean des Vignes,
    On en a mal aux eschines.