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Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/196

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Racan, qui avoit trente-quatre ans moins que Malherbe, changea son amour poétique en un véritable et légitime amour. C’est ce qui donna lieu à Malherbe de lui écrire une lettre où il y avoit des vers qui sont ceux où il est parlé de madame de Rambouillet, pour le divertir de cette passion ; parce qu’il avoit appris que madame de Termes se laissoit cajoler par le président Vignier, qu’elle a épousé depuis[1]. Et quand il sut que Racan étoit décidé de se marier en son pays du Maine, il le manda aussitôt à madame de Termes par une lettre qui est imprimée.

Environ en ce temps-là son fils fut assassiné à Aix, où il étoit conseiller. Malherbe ne vouloit pas qu’il le fût : cela lui sembloit indigne de lui. Il ne s’y résolut qu’après qu’on lui eut représenté que M. de Foix, nommé à l’archevêché de Toulouse, étoit bien conseiller au parlement de Paris, lui qui étoit allié de toutes les maisons souveraines de l’Europe. Voici comme ce pauvre garçon fut tué. Deux hommes d’Aix ayant querelle prirent la campagne ; leurs amis coururent après ; les deux partis se rencontrèrent en une hôtellerie ; chacun parla à l’avantage de son ami. Le fils de Malherbe étoit insolent, les autres ne le purent souffrir, ils se jetèrent dessus et le tuèrent. Celui qu’on en accusoit s’appeloit Piles. Il n’étoit pas seul sur Malherbe, les autres l’aidèrent à le dépêcher[2]. Or on soupçonnoit

    d’Auchy. (Voyez l’Historiette de cette dame à la suite de l’article sur Malherbe.)

  1. Catherine Chabot, fille de Jacques, marquis de Mirebeau, veuve de César-Auguste de Saint-Lari, baron de Termes, se remaria à Claude Vignier, président au parlement de Metz ; elle mourut en 1662.
  2. On n’a vu ce fait rapporté nulle part ainsi et avec autant de dé-