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Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/223

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puis à être pendue. Depuis ils en ont été absous. On fit des factums ou lettres de part et d’autre qui sont bien faits. Le bon homme fit le sien lui-même ; il s’y moque plaisamment de ce neveu, et il y montre bien de la vigueur ; il avoit pourtant près de quatre-vingts ans. Ses amis le servirent puissamment, entre autres le maréchal de Gramont. Ce fut chez lui que le mariage se fit, à cause des oppositions d’un homme qui disoit avoir promesse de la fille (notez que ce n’étoit qu’une enfant qui n’avoit jamais vu personne), et d’un cousin germain de Sacy, qui disoit qu’elle étoit bâtarde. Pour finir tous ces différends, on fit une transaction par laquelle, moyennant quatre-vingt mille livres, Sacy et sa femme renonçoient à la maison. Ils s’en sont fait relever depuis, après avoir recélébré leur mariage, car cette opposition, qui n’avoit point été levée, étoit une espèce de nullité. Pour la bâtardise, c’étoit une sottise que d’y insister, aussi bien que de dire que c’étoit pour couvrir l’honneur de M. Des Yvetaux qu’ils vouloient montrer qu’il n’y avoit point de mariage parce qu’il seroit incestueux, et que cette madame de Sacy étoit sa fille[1]. Le maître des requêtes fut hué à l’audience et passa pour un grand coquin. Il avoit quelques gentilshommes avec lui qui se retirèrent quand ils virent M. de Turenne de l’autre côté[2]. La jeune femme

  1. Le curé de Saint-Sulpice étant allé voir Des Yvetaux et lui faisant des réprimandes sur sa conduite si peu chrétienne, il lui répondit sans s’émouvoir : « M. le curé, il ne faut pas croire tout ce que l’on dit, il y a bien de la médisance ; l’on me disoit l’autre jour que vous aimiez les garçons, mais je n’en voulois rien croire. » Le curé, offensé d’un tel compliment, ne jugea pas à propos de lui parler davantage et s’en alla. (Extrait d’un manuscrit du même temps.)
  2. Ce fut Tambonneau, le président, en ce temps-là amoureux de la Sacy, qui l’y fit aller. (T.)