Aller au contenu

Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



M. VIÈTE[1].


M. Viète étoit un maître des requêtes, natif de Fontenay-le-Comte en Bas-Poitou. Jamais homme ne fut plus né aux mathématiques ; il les apprit tout seul ; car, avant lui, il n’y avoit personne en France qui s’en mêlât. Il en fit même plusieurs traités d’un si haut savoir qu’on a eu bien de la peine à les entendre, entre autres, son Isagogé, ou Introduction aux mathématiques[2]. Un Allemand, nommé Landsbergius, si je ne me trompe, en déchiffra une partie, et depuis on a entendu le reste. Voici ce que j’ai appris touchant ce grand homme. Du temps d’Henri IV, un Hollandois, nommé Adrianus Romanus, savant aux mathématiques, mais non pas tant qu’il croyoit, fit un livre où il mit une proposition qu’il donnoit à résoudre à tous les mathématiciens de l’Europe ; or en un endroit de son livre il nommoit tous les mathématiciens de l’Europe, et n’en donnoit pas un à la France. Il arriva, peu de temps après, qu’un ambassadeur des États vint trouver le Roi à Fontainebleau. Le Roi prit plaisir à lui en montrer toutes ses curiosités, et lui disoit les

  1. François Viète, né en 1540, mort en 1603. Un de nos plus célèbres mathématiciens.
  2. Isagoge in artem analyticam.