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Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/304

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épée, ni gants, entendre la messe, et après, demander pardon à son archevêque. Ce qu’il fit di muy malœ ganœ.




LE CAMUS[1],
MAÎTRE DES REQUÊTES.


Le Camus, le riche, étant petit garçon, alla voir un lion que l’on montroit dans un jeu de paume sur un théâtre. Il n’étoit pas bien à sa fantaisie. Il voulut passer par un bout du théâtre, et montoit avec une échelle, quand le lion, qui étoit à l’autre bout (et le théâtre avoit toute la largeur du jeu de paume), en un saut fut à cet enfant, et avec sa queue l’amène de l’échelle sur le théâtre, le manteau entortillé autour de la tête. Il le tenoit déjà sous lui, quand d’en bas un page, peut-être plutôt pour faire niche au lion que pour secourir l’enfant, lui donna un coup de gaule. Le lion saute vers le page, et on tira le petit garçon en bas en danger de lui rompre le col ; il en fut quitte pour une saignée.

M. d’Aubigny, de la maison des Stuarts, cadet du duc de Lenox[2], logeant au faubourg Saint-Germain dans une maison des Jacobins réformés, qui avoit une entrée dans leur jardin, l’été, un soir, sans savoir que

  1. C’est celui qu’on appelle Patte-Blanche. Il se pique d’avoir de belles mains.
  2. Il a le bien de France, et s’est fait d’église. Il est à cette heure chanoine de Notre-Dame, et bon ami des jansénistes. (T.)