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Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/339

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femme, à ce qu’on m’a dit, quelquefois en l’embrassant, ne pouvoit s’empêcher de l’appeler mon petit prince.

M. de Mayenne a été regardé du peuple comme descendu de ces défenseurs de la foi catholique ; de sorte que quand il fut tué à Montauban d’un coup de mousquet dans l’œil, comme il regardoit entre des gabions, le peuple de Paris s’émut, et alla brûler le temple de Charenton. Celui qui l’avoit tué fut pendu par sa faute. Cet homme fut pris comme il se sauvoit de la ville avec une fille qui étoit amoureuse de lui. Elle offrit mille livres de rançon pour eux deux ; et comme elle les alloit quérir, cet impertinent s’alla vanter étourdiment qu’il avoit tué M. de Mayenne. Quand sa maîtresse revint, elle le trouva pendu. On lui dit pour raison que le traité de la rançon n’étant point conclu, et elle ayant dit seulement qu’elle alloit quérir de quoi se racheter, on avoit pu le traiter comme on avoit fait. La vérité est que le plus fort fit la loi au plus foible.

M. de Mayenne n’étoit point marié. On parloit de le marier, mais on ne sait, fier comme il l’étoit, s’il y eût consenti : c’étoit à une sœur de Combalet. Combalet étoit cadet, mais gentilhomme. Cette fille, voyant M. de Mayenne mort et M. de Luynes ensuite, eut assez de cœur pour se faire carmélite ; elle vit encore.