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Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/401

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a pas plus de quatre ans que M. de Montausier croyoit avoir fait quelque chose pour faire avoir cet emploi à M. d’Ablancourt, car madame Du Vignan, à qui lui et Chapelain en avoient parlé par rencontre, s’en alla persuadée que la religion n’étoit d’aucun obstacle à cela, et que madame d’Aiguillon ne pouvoit mieux faire. Mais cela n’a rien produit, quoiqu’on l’en quittât pour deux mille livres de pension. On a dit que l’évêque de Saint-Malo, Sancy, travailloit à l’histoire sur les Mémoires du cardinal de Richelieu, mais cela n’a point paru. Ce M. de Saint-Malo étoit ambassadeur à la Porte. Son secrétaire, nommé Martin, trouva le moyen de faire échapper des Sept-Tours de grands seigneurs polonais et une dame qui lui avoit promis de l’épouser. Il se sauva avec eux. Sancy en eut cent coups de latte sous la plante des pieds. Il n’étoit pas évêque alors. On trouva, après la mort du cardinal, ce qu’on a appelé son Journal. Il est imprimé. Là on voit que beaucoup de ceux qu’on croyoit ses ennemis lui donnèrent des avis contre leurs propres amis.

Pour l’Académie, que Saint-Germain appeloit assez plaisamment la volière de Psaphon[1], je n’ai rien à ajouter à ce qu’en a dit M. Pellisson dans l’Histoire qu’il en a faite[2]. Je dirai seulement que le cardinal

  1. Psaphon, habitant de la Lybie, voulant être reconnu pour un dieu, réunit un grand nombre d’oiseaux, et leur apprit à répéter : Psaphon est un grand dieu. Leur éducation terminée, il les rendit à la liberté, et les Lybiens, frappés de ce prodige, décernèrent à Psaphon les honneurs divins.
  2. La première édition de l’ouvrage de Pellisson parut en 1653 (Paris, in-8o), sous le titre de Relation contenant l’Histoire de l’Académie françoise.