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Page:Tanner - James, Memoires de John Tanner, vol 1, 1830.djvu/111

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du pouvoir qui gouverne les vents et les vagues ; ils ramaient et pagayaient en silence et avec activité. Long-temps avant la nuit, nous débarquâmes sains et saufs au grand portage, sans que la surface du lac eût été un seul instant agitée.

On me laissa, depuis ce jour, une entière liberté d’aller et de venir ; j’aurais pu, à chaque instant, fuir les Indiens, mais je croyais mon père massacré avec toute ma famille, et je savais quelle vie de travail et de privations m’attendait chez les blancs ; sans amis, sans argent, sans propriété, réduit à toutes les misères d’une indigence extrême ; je voyais chez les Indiens tous ceux que l’âge ou la faiblesse empêchait de chasser, sûrs de trouver des secours ; je m’élevais aussi dans leur estime, et j’étais pour eux comme un jeune homme de leur race. Je me décidai donc à rester alors avec eux ; mais j’avais toujours le dessein de retourner un jour vivre parmi les blancs.

Nous nous retrouvions encore au portage d’où