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Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/103

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aspects, l’irréversibilité aussi marquée dans les sphères inférieures que dans les supérieures. Il importe beaucoup de distinguer ces points de vue sous lesquels les différents ordres de faits apparaissent comme réversibles ou comme irréversibles. Le domaine de l’Irréversibilité nous intéresse particulièrement et demande à être circonscrit avec soin, car, s’il existe, l’existence universelle a une signification, une orientation que seul il détermine. Il convient de faire appel ici non seulement à nos observations mais à nos conceptions, non seulement aux réversions ou irréversions observées, mais aux réversibilités ou irréversibilités conçues comme telles par tout esprit éclairé, qu’a formé l’étude des sciences.

Or, la réversion des mouvements astronomiques quelconques est-elle concevable, et même, en fait, observée, sous la forme que nous avons dite ? Oui[1] Mais conçoit-on que la dissolution du système solaire doive ou puisse s’opérer par la traversée en sens inverse des phases successives qui ont constitué son évolution ? Non, certainement. La série des changements proprement physiques : ralentissements et accélérations, dilatations et contractions, etc., peut-elle être conçue comme renversée, et, en fait, chacune des forces physiques,

  1. « Newton et Laplace, dit M. Paye, croyaient que toutes les rotations, toutes les circulations, devaient être de même sens. Laplace est allé plus loin : il a appliqué à cette question le calcul des probabilités. En tablant sur les planètes et les satellites connus de son temps, son analyse montra que, si l’on venait à découvrir un nouveau satellite ou une nouvelle planète, il y aurait des milliards à parier contre un que la circulation de ce satellite ou la rotation de cette planète serait directe comme toutes les autres... L’étude des satellites d’Uranus et la découverte du système de Neptune n’ont pas tardé à réduire à néant cette probabilité et la célèbre cosmogonie de Laplace. »