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Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/130

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sécher que pour peu de temps les larmes d’un affligé », et c’est une juste critique dirigée contre la méthode des contraires. Certainement, dans un profond chagrin causé par la mort d’une personne aimée, une lecture triste, consonante à l’état du cœur, sera une meilleure consolation qu’une soirée passée au Palais-Royal. Mais il faudrait se garder de croire d’après cela que la mort d’une personne aussi chère, voire même plus chère encore, eut le moins du monde la vertu de nous consoler. Si la bienfaisance est la consolation des âmes d’élite qui ont beaucoup souffert, c’est que la pitié, en elles, s’est substituée à la douleur pour leur plus grand bien et le plus grand avantage d’autrui. Or il en est des larmes versées au théâtre ou à la lecture des beaux vers comme des tristesses sympathiques de la charité : grâce à l’art et à la bonté, la souffrance réfléchie devient délivrante.


III

Je renonce, à présent comme précédemment, à dresser la liste des fausses oppositions, des antithèses imaginaires, où le génie symétrique des théoriciens et même des expérimentateurs s’est complu. Il en est, avec Weissmann, qui se plaisent à imaginer une sorte de contraste entre les cellules germinatives et les cellules somatiques ; mais la thèse de ce savant sur la « continuité du plasma germinatif » n’est rien moins que démontrée. D’autres ont regardé, dit Darwin, « la variabilité et l’hérédité comme deux principes égaux et antagonistes », simple combat de mots. La véritable lutte, et encore