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Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/146

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La vie est prodigieusement ambitieuse et révolutionnaire : voilà pourquoi elle est extrêmement symétrique et régulière dans ses procédés. Ses oppositions, comme ses répétitions, sont des instruments de rénovation et de conquête. Aidons-nous, pour comprendre cela, des spectacles que nous offre le développement humain. Il est remarquable que tous les grands conquérants rénovateurs ont été en même temps de grands administrateurs et organisateurs des sociétés, amis passionnés de la hiérarchie régulière, de la majesté architecturale des constitutions, de la division aussi uniforme que possible du territoire national, ou ils aimaient à voir se refléter l’ordre, le parfait arrangement de ce qu’il y a de plus symétrique et de plus régulier dans le monde social et à la fois de plus envahissant : l’armée. Tels Alexandre avec sa phalange macédonienne ; les fondateurs de Rome avec leurs curies et leurs décuries, leurs rites religieux et juridiques, leurs monuments,

    une étoile de mer, une encrine, est symétrique ; anatomiquement, elle u’est que régulière.

    On tend à rattacher au type annelé, comme à leur source primordiale, tous les autres types : vertébré, articulé, molluscoidc, rayonné. Bien des considérations, anatomiques ou embryologiques, militent en faveur de cette dérivation. J’y vois une raison de plus de penser que la vie est essentiellement un principe répéli' leur. Elle débute toujours par segmentation de parties égales. Ce n*est qu’ensuite que, pour mieux réaliser le but de la répétition, la multiplication indéfinie, elle s’organise, se caractérise, se différencie. Mais alors, forcément contrainte, par les nécessités de l’adaptation, à se contenter d*un minimum de répétition, qui consiste à produire deux parties -seulement tout à fait pareilles, elle veut au moins que ces deux parties s’opposent^ se fassent pendant, constituent un petit monde à part, où Vêlre pour soi de la vie soit bien visible. Cette répétition minima, cette répétition d’un certain genre qu’on nomme symétrie, n’est donc qu’un dédommagement du sacrifice de la répétition illimitée, sacriGce qui d’ailleurs n’est qu’apparent.

    Est-ce à dire qu’il n’y ait dans la symétrie propre aux organismes rien de