Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/153

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s’assouplir et s’asservir ! Sans doute elle est rusée, callida est natura, mais comme l’était Napoléon. L’être vivant tend à s’approprier le monde et non à s’approprier au monde.


IV

Spencer prouve fort bien qu’à moins de rester toujours à ras de terre, la vie végétale devait renoncer à la symétrie sphérique et adopter la symétrie radiaire, la seule qui fût compatible avec l’ascension vers le ciel. Celui-ci exige évidemment la différenciation de la tige, des racines et des organes latéraux. Il prouve aussi, non moins clairement, que la nécessité de la locomotion, pour l’animal, rendait impossible le maintien de la symétrie radiaire elle-même et ne permettait plus que la symétrie bilatérale, la partie antérieure du corps devant nécessairement alors différer de la partie postérieure et non pas seulement le haut du bas. Mais pourquoi cette nécessité de l’ascension végétale, de la locomotion animale ? Sans doute, la sélection naturelle semble fournir à la rigueur un moyen commode, mais trop commode, d’expliquer cela, par la prime offerte au végétal qui accidentellement s’élève parmi des végétaux restés couchés, et à l’animal qui accidentellement se trouve être mobile parmi des animaux demeures réduits à l’immobilité. Passons sur ce que l’hypothèse a de gratuit, mais sur quoi se fonde-t-elle ? Sur la concurrence vitale, sur la pression qu’exercent les uns sur les autres les êtres vivants multipliés par voie de génération. Et la génération, comment l’expliquer à son tour ? Qu’est-ce que