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Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/168

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On peut se demander si les diverses formes, astronomiques, cristallines, organiques, sociales, qu’affecte le besoin de symétrie dans la nature, ne se rattachent pas à quelque principe commun et fondamental, et notamment si la symétrie des cristaux ne servirait pas à faire mieux comprendre celle des organismes, ou vice versa. je ne veux pas dire par là que le cristal puisse être considéré comme un être de transition entre l’organique et l’inorganique : il n’en est rien, puisque c’est précisément en se cristallisant que la matière devient impropre à s’organiser et que le propre de la matière organisable, quand elle se cristallise, c’est la dissymétrie de sa structure cristalline, comme Pasteur l’a montré. Mais, si la cristallisation et l’organisation sont, pour la matière, deux voies indépendantes et divergentes de développement, il n’en est que plus instructif de noter entre elles certaines analogies singulières. D’abord, dans les deux, la tendance à établir un arrangement symétrique, ou à le rétablir s’il est rompu, est remarquablement forte ; et elle est d’autant plus frappante que la forme du cristal n’est nullement, comme l’avait cru Haüy, le simple agrandissement de la forme élémentaire des molécules, mais, au contraire, diffère autant de celle-ci que la structure d’une plante ou d’un animal diffère de celle de ses cellules, la morphologie de l’histologie. « La conception nouvelle de la structure des matières minérales cristallines, dit M. Berthelot,[1] se rapproche des conceptions modernes relatives à la structure intime des êtres organisés. On retrouve en effet, dans les deux ordres d’êtres, ces relations singulières

  1. Revue scientifique du 26 décembre 1896. Cet article de M. Berthelot sur la vie et les travaux de Mallart, dont nous citons de trop courts extraits, est