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Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/224

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et quantitative de la croyance et du désir, les autres par le contraste de l’affirmer et du nier, du désirer et du repousser, qui sont essentiels à ces deux quantités fondamentales de la conscience. C’est surtout en ce qui concerne les oppositions appelées par nous dynamiques, les plus importantes de toutes, que nous avons cru pouvoir affirmer notre thèse sans réserve ni restriction. Donc, point d’opposition de ce dernier genre qui soit à proprement parler « sensorielle ».

Nous allons maintenant parcourir le domaine plus vaste des émotions et des sentiments et chercher l’explication des contrastes qui s’y rencontrent. Elle sera plus complète et plus facile encore. Mais, auparavant, indiquons la place et traçons les frontières de cet empire si mal délimité et si ambigu, le sentiment, sur notre carte des états psychologiques.

À partir de la sensation primitive ou le croire et le désirer s’entremêlent confusément[1], les deux énergies propres de l’esprit se séparent et se développent à part, sauf à entrecroiser et entre-greffer souvent leurs rameaux. Elles se développent, grâce à ces multiples répétitions internes, appelées mémoires ou habitudes, et à l’association de ces souvenirs avec le cours continu de la vie sensitive. Voici les phases successives de leur double développement : 1˚ Dans l’embranchement de la croyance, nous avons d’abord la perception, jugement sensitif, où la croyance s’attache avec

  1. Personne plus que M. Fouillée n’a eu le sentiment de cette féconde, confusion, dont il a profondément fait ressortir l’importance dans sa Uiéorie des Idées-forces.