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Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/285

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haut, à savoir que la croyance est proportionnelle à l’intensité de l’image ou de la sensation. Le cerveau n’est pas plus passif dans sa réaction-croyance que dans sa réaction-désir ; il est actif dans les deux, mais ses deux genres d’activité sont différents et complémentaires.

Occupons-nous maintenant des oppositions présentées par les jugements et par les desseins.

La volonté, comme le désir, est double. La langue latine distingue avec juste raison le velle et le nolle, et je demande la permission d’opposer aussi à la volonté la nolonté, à la volition la nolition. Car ne pas vouloir, c’est tout autre chose que vouloir non, et c’est cette volonté négative dont le nom manque en français. Son absence d’ailleurs suffit à nous avertir que le velle et le nolle ont une importance très inégale, et que, malgré leur symétrie théorique,[1] il n’est pas permis de les mettre sur le même rang. J’entends par là que, dans la vie individuelle et dans la vie sociale, la volonté d’initiative l’emporte et tend à l’emporter de plus en plus sur la volonté de contrainte, la volonté-fouet sur la volonté-frein. Le contestera-t-on en se fondant sur ce que la volonté, d’après les physiologistes, est essentiellement un pouvoir d’inhibition, une pédale sourde mise sur les impulsions des centres

  1. M. Ribot, qui explique la volonté par des « images motrices », est bien obligée de reconnaître que son explication est inapplicable à la moitié de son sujet, à la Tolonté considérée comme pouvoir d’arrêt (au nolle). Ici, en effet, point d’images motrices, suivant lui. La \érité est, ce me semble, qu’il y a des « images motrices » même dans le cas de la nolonlé. Seulement, quand je me retiens de donner un soufflet à quelqu’un, par exemple, l’image motrice des mouvements du bras et de la main nécessaires pour souffleter, m’apparait comme repoussée et non comme désirée.