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Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/303

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de froid, que parce que je me mets à nier qu’elles appartiennent aux objets extérieurs ; et je n’ai conscience d’attribuer à ces objets leur figure, leur masse, leur mouvement, que parce que je nie que ces propriétés m’appartiennent au même titre que mes plaisirs ou mes douleurs. Ce n’est pas que le moi ou le mien soit nécessairement conçu comme le terme positif, et le non-moi ou le non-mien comme le terme négatif. Les deux s’affirment à la fois, chacun d’eux en niant l’autre. Aux yeux de l’enfant, comme aux yeux du savant, la réalité des êtres extérieurs n’est pas moins positive que la sienne. L’idéalisme subjectif de quelques philosophes, né par négation du réalisme objectif inhérent à la science comme au sens commun, ne prévaudra point contre lui ni ne l’équivaudra.

La logique repose sur un certain nombre de termes correlatifs qui ont l’air de s’opposer. Le principe d’identité et le principe de contradiction, qui se font pendant, s’opposent réellement, mais seulement en tant qu’ils supposent l’exercice alternatif de l’affirmation et de la négation, de la reconnaissance et du discernement. La proposition affirmative s’oppose parfaitement à la proposition négative. Mais la proposition universelle s’oppose-t-elle à la proposition particulière ? Nullement. Où serait l’état zéro ? L’opposition des propositions affirmative et négative n’a d’ailleurs rien de symétrique, et la seconde est évidemment subordonnée à la première, qui porte tout le poids du raisonnement. Le rapport de cause à effet est-il un rapport d’opposition ? Non ; de répétition plutôt. C’est quand l’effet répète sa cause que la causalité nous apparaît le plus nettement ; quand il varie sa