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Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/310

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Les deux expriment l’ensemble des systèmes panthéistes qui, partant d’un âge d’or initial, harmonieux équilibre, d’où l’absolu serait tombé dans un long circuit de déséquilibrations et d’épreuves, aboutissent les uns à la réalisation d’un monde divinement parfait où le progrès en se consommant s’arrête, les autres à la précipitation de l’Univers dans un abîme satanique d’horreurs, cauchemar des pessimistes de l’Inde ou de l’Allemagne moderne. Mais le pessimisme, heureusement pour l’humanité, a été moins souvent inspirateur que l’optimisme, et, bien que la doctrine chrétienne ait longtemps oscillé entre les deux, inclinant même parfois au premier avec la préoccupation dominante de Satan et le dogme du petit nombre des élus, le catholicisme, de même que le protestantisme, y a accentué le triomphe définitif de l’Espérance sur la Terreur, surtout depuis la défaite du jansénisme. On a vu Saint-Anselme et Descartes déduire de l’idée même de l’Être infiniment parfait son existence ; on n’a vu aucun docteur tant soit peu célèbre conclure de l’idée de l’Être infiniment mauvais son existence aussi. Et cependant, comme le remarque un philosophe allemand, ce dernier argument, semblable et opposé à l’autre, serait exactement de la même force.

Dans le domaine de la sensation et du sentiment, de l’intelligence et de la volonté, nous trouvons de pareilles oppositions. De la triade :

Plaisir, état neutre, douleur,

tous les peuples ont tiré celles-ci :

1˚ État neutre, plaisir, ciel ; 2˚ État neutre, douleur, enfer.