Aller au contenu

Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/325

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et pareillement fanatique[1]. Une philosophie non plus ne meurt que tuée par une autre : il a fallu le cartésianisme pour abattre le péripatétisme scolastique. On dit, il est vrai, de certains gouvernements qu’ils se sont suicidés ; mais, malgré l’accumulation de leurs fautes, ils auraient continué à vivre si la vue d’un gouvernement étranger ou le souvenir d’un gouvernement ancien n’eût suscité la conception, à la fois imitative et inventive, d’un nouveau système politique. Malgré tous les défauts de l’Ancien Régime français, il vivrait encore si l’exemple fascinateur de la constitution anglaise combiné avec le modèle imaginaire des républiques de l’Antiquité n’eût suggéré les constitutions révolutionnaires. Il n’y a pas de mort naturelle des États ; l’histoire n’enregistre que leur mort violente ou accidentelle.

Or celle-ci n’est jamais l’inverse de leur naissance et de leur croissance. Je sais bien, cependant, qu’au progrès de la population pendant la croissance s’oppose le déclin de la population pendant la décadence, mais cette opposition numérique, bien que née de causes en parties sociales - et qui d’ailleurs ne sont pas inverses - n’a rien de social par elle-même ; et est-ce que la population, en devenant de moins en moins nombreuse (parce que la fécondité des mariages a continué à décroître, parce que la productivité de certaines inventions, ou de la découverte de nouvelles terres, a continué à diminuer), présente des caractères sociaux opposés à

  1. Il est permis, dit Cournot, de rapprocher des formes de religion les formes d’irréligion qui les accompagnent et qui dérivent par une réaction inévitable. » C’est, ainsi dit-il, que le catholicisme est accompagné du voltairianisme, etc.