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Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/328

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et utopiste que le XVIIe siècle redoutait n’a rien de commun avec le Fénelon philanthrope et sentimental qui faisait venir des larmes aux yeux des lecteurs de Florian, ni avec le Fénelon sec, diplomate, astucieux, « pareil au serpent d’avant la chute, sans perfidie mais non sans tortuosité » que Joubert et M. Brunetière ont découvert. Or, la succession des nuances diverses de beauté qu’on goûte dans ces grands écrivains, ou des nouveaux aspects de vérité qu’on aperçoit chez les grands philosophes, tels que Descartes, Spinoza, Leibniz, Kant, est-elle susceptible de se retourner ? Non, dans son ensemble, dans la mesure où elle répond à un certain ordre logique des admirations et des questions et n’est pas une simple affaire de mode. — Depuis le Premier Empire jusqu’en 1851, la politique de la France a été accentuée tour à tour, même sous une identité apparente de constitution, dans un sens d’abord autoritaire, puis libéral, puis égalitaire, enfin humanitaire ; à partir de 1851, la série recommence, autorité, liberté, égalité, humanité, nous en sommes-là ; elle recommence, mais elle ne s’intervertit pas. Il semble qu’il y ait là une pente irrésistible, dans notre siècle au moins.


Suivant Lange, l’évolution qui entraîne la pensée philosophique du matérialisme comme port d’embarquement à l’idéalisme comme Ithaque de l’Odyssée de la raison, serait irréversible. Les exemples abondent en effet sous sa plume ; et, s’il reconnaît des exceptions à sa règle, notamment Strauss, il s’en étonne. Chez Strauss, dit-il, « le matérialisme n’est que le résultat final d’un long développement. Cela peut paraître surprenant, car le matérialisme représente naturellement la forme primitive, la forme la plus grossière de la