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Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/36

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et jusqu’en sociologie. En effet, à mesure que l’axe de l’ellipse s’allonge, sa courbure varie qualitativement à chaque instant. Dans tous les exemples qui précédent, comme en général dans la notion d’une série quelconque, il y a au fond une opposition véritable, mais elle est toute subjective, inhérente au sujet qui regarde les termes et les compare et non à ces termes eux-mêmes : ce spectateur, en passant mentalement de l’un des termes à l’autre et en repassant de celui-ci à celui-là, fait deux actions opposées, séparées par un état d’inaction.

Tout autre est l’opposition vraiment objective qui se montre à nous dans le cas où deux figures, l’une concave, l’autre convexe, sont juxtaposées, comme dans la coupe d’une lentille, ou bien lorsqu’une âme est affectée successivement d’un plaisir d’un certain genre, puis d’une douleur du même genre. Le passage de la figure concave à la figure convexe, ou inversement, n’est concevable que moyennant un état zéro, un néant de convexité et de concavité. Le passage du plaisir à la douleur correspondante n’est possible que moyennant l’interposition d’un état de non-plaisir et de non-douleur. C’est ici le néant et non l’infini qui sert d’intermédiaire entre les termes comparés.

Nous définirons donc ainsi l’opposition : Quand deux termes variables sont tels que l’un ne peut être conçu comme devenant l’autre qu’à la condition de parcourir une série de variations qui aboutissent à un état zéro, et de remonter ensuite cette même série de variations précédemment descendue, ces deux termes sont opposés.

Quand un pendule oscille, il y a deux oppositions à considérer.