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Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/369

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des cochers a-t-il décru, si tant est qu’il ait décru, aussi régulièrement qu’a augmenté celui des conducteurs de locomotives ?



IX

La question que nous traitons touche, on le voit, à celle, si débattue, de la concurrence que les machines font aux ouvriers, et notre solution peut n’être pas inutile à résoudre celle-ci ou à la mieux comprendre, ainsi que beaucoup d’autres problèmes économiques qui s’y rattachent. Ce qu’il importe de bien voir, c’est qu’une invention ancienne, représentée par les ouvriers qui incarnent son imitation, tend toujours à croître par elle-même, comme le besoin qui lui correspond dans le public, et que son heurt meurtrier ou blessant contre une invention nouvelle représentée par une machine, est réellement un pur accident au cours de ses destinées, un accident contre lequel il est naturel que cette invention ancienne, en possession légitime de son domaine, proteste de toutes ses forces, soutenue dans cette lutte par la « nature des choses » qui a fait le vouloir vivre et le vouloir croître universel. Il ne faut pas dire : « Ce métier perd chaque jour du terrain maintenant, comme autrefois il en gagnait ; après tout, l’un est aussi naturel que l’autre. » Non, la destination naturelle d’une industrie qui a son fondement dans la nature humaine, c’est de progresser ou de persister toujours : son refoulement est contre nature. Aussi est-ce à tort qu’on s’étonne de la voir se débattre avec frénésie et prolonger d’ordinaire son existence beaucoup plus que la supériorité