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Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/383

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sont venues s’y ajouter, ou ne s’y sont substituées qu’en y ajoutant un meilleur ajustement du vêtement juridique au corps national. je sais bien que, d’après Sumner-Maine, les procès, les prétentions contradictoires d’intérêts contraires, auraient précédé la coutume, source de la loi, et l’auraient suscitée. C’est possible, mais ils ne l’ont pas suscitée seuls : n’oublions pas les ordres des chefs, ordres devenus lois en se répétant et se confirmant sans jamais se contredire. Et comment l’auraient-ils suscitée, si ce n’est en faisant appel à l’esprit conciliant des arbitres ou à l’autorité logique des gouvernements, soucieux les uns et les autres de se mettre d’accord avec eux-mêmes ou leurs prédécesseurs ? Et, ce qui est certain, c’est que de nos jours, depuis que l’histoire du droit nous est bien connue, jamais la législation n’a été l’effet direct, ni même le plus souvent l’effet indirect, de la jurisprudence des tribunaux, qui elle-même s’est fixée sous l’empire d’une cour suprême, non sous l’action des plaideurs. Est-ce dans les pays les plus processifs que le droit est le plus progressif ?

Un gouvernement, une constitution politique progresse quand son principe se déploie en une suite de perfectionnements administratifs ajoutés les uns aux autres par des hommes supérieurs, qui ont pu être, à la vérité, des chefs de parti, mais qui n’agissaient pas comme tels, quand ils ont introduit successivement, collaborateurs en cela et non antagonistes, ces réformes complémentaires les unes des autres. Le progrès politique a lieu quelquefois par substitution d’un principe meilleur, plus vaste et plus coordinateur, à un principe plus étroit et plus incohérent ; mais, loin d’avoir engendre