Aller au contenu

Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/431

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pourra manquer d’être parfois, souvent même, éminemment salutaire. Je dis qu’elle ne pourra pas manquer de l’être, parce que les fins égoïstes de l’activité sont brèves, qu’on en a tout de suite fait le tour, et qu’à une ambition agrandie par ses propres succès il importe de reculer sans cesse l’horizon de ses vœux, en s’affranchissant de sa personnalité étroite par des générosités à longue portée. Voilà pourquoi, comme remède à ses excès, la Richesse croissante soulève inévitablement ça et là, parmi des milliers d’égoïstes et de médiocres indignes d’elle, quelques larges âmes ambitieuses, généreuses à force d’ambition, qui l’emploient à secourir les misérables, à planter des œuvres de bienfaisance destinées à fleurir plus tard, longtemps après elles. Ce n’est donc point le désir de la richesse qui est à blâmer et à réfréner, c’est le désir de la richesse pour la jouissance exclusivement ou principalement.


Mais quel est le genre d’activité qui nous divise le moins ? Il faut l’avouer, les productions se combattent comme les consommations, et, si les ouvriers d’un même atelier collaborent, surtout quand ils sont intéressés à ses bénéfices, si, par conséquent, l’agrandissement des ateliers agrandit le champ de l’harmonie sociale en ce qui les concerne, la lutte n’est que plus redoutable entre les ateliers rivaux. Quoi qu’on fasse, on ne détruira pas cette cause de conflit. Que faut-il donc faire pour l’atténuer et l’empêcher de devenir sanglant ? — Par deux moyens, non pas opposés, non pas inverses, mais corrélatifs et complémentaires en apparence, on poursuit en ce moment l’amélioration sociale : par l’accroissement des salaires et par la diminution des heures de travail. Lequel vaut le