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Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/69

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déjà indiquée plus haut. Sans doute, il n’y pas d’antivolume opposé au volume par-delà le non-volume ; il n’y a pas d’antipesanteur opposée à la pesanteur par-delà l’impondérable ; il n’y a pas d’antimobilité opposée à la mobilité par-delà le repos ; il n’y a pas d’antilumière opposée à la lumière par-delà l’obscurité ; il n’y a pas d’antisonorité opposée à la sonorité par-delà le silence. Mais le volume, ou plus généralement l’étendue, est la qualité générale des figures qui sont symétriquement opposables : la pesanteur embrasse l’infinité des mutuelles attractions réelles ou possibles qui s’opposent par couples symétriques comme l’action et la réaction ; la mobilité comprend l’infinité des masses qui se meuvent les unes vers les autres et l’opposition réelle ou possible de leur direction ; la lumière est le nom générique des rayons lumineux qui, d’un même foyer, s’élancent en sens précisément inverses, et d’ondulations lumineuses qui souvent interfèrent, qui toujours vont et viennent rythmiquement ; le son est le nom générique des rayons sonores qui divergent aussi et de vibrations sonores qui sont sujettes à de pareils rythmes, à de pareilles interférences. — De même, dans le domaine subjectif, il n’y a pas d’anticonscience opposée à la conscience, par-delà l’inconscience ; ni d’antisensibilité, d’anti-intelligence, d’anti-activité opposées à la sensibilité, à l’intelligence, à l’activité, par-delà l’insensibilité, l’intelligence, l’inertie. Mais la conscience est la qualité commune, d’une part, à tous les êtres conscients, qui sont susceptibles de s’opposer et s’opposent en effet dans les luttes sociales, par la contradiction de leurs pensées et de leurs vouloirs ; d’autre part, à tous les états d’un même être conscient,