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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/158

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« Apporter, lui dit-il, le trône de Phraorte[1], et que le sage Apollonius s’y assoie pour s’entretenir avec nous. »

La conversation rapportée par Damis[2], roule en grande partie sur la transmigration des âmes, d’après Pythagore, système singulièrement prôné de nos jours par les héritiers d’Apollonius. Les Sages apprennent à Apollonius que dans sa vie antérieure il a été pilote d’un vaisseau égyptien. Puis, ils se mettent à faire l’apologie de Tantale, absolument comme nos spirites font celle de Caïn ou de Judas. En parlant de Tantale, Iarchas montrait à sa gauche une statue, haute de quatre coudées, qui avait l’air de tendre une coupe; dans cette coupe, pleine jusqu’aux bords, sans qu’une goutte en tombât, bouillonnait une liqueur en quantité suffisante pour étancher la soif d’un homme. Cette coupe ne se vide jamais, quel que soit le nombre de ceux qui y portent les lèvres.

Le roi (inférieur dans la hiérarchie secrète à Phraorte, dont il est question plus haut) étant survenu, les Sages restèrent assis, et le roi se présenta, tendant les mains vers eux comme un suppliant. Alors, Iarchas se leva et engagea le roi à prendre une collation. Celui-ci accepta : aussitôt quatre trépieds, semblables à ceux de Delphes, vinrent d’eux-mêmes ; au-dessus d’eux étaient des échansons en airain noir ; la terre se couvrit d’un gazon plus moelleux que tous les lits. Les mets se succédèrent d’eux-mêmes dans un plus bel ordre que s’ils avaient été disposés par des maîtres d’hôtel. Deux des trépieds fournirent le vin, les deux autres fournirent en abondance l’eau chaude et l’eau froide. Les échansons d’airain mêlaient l’eau et le vin et présentaient les coupes.

Le repas terminé, tous les convives s’abreuvèrent à la coupe inépuisable de Tantale. Puis, ils dormirent sur le lit tout préparé que la terre leur offrait, jusqu’au milieu de la nuit. À minuit, ils se levèrent et commencèrent par célébrer le rayon du Soleil, en se tenant en l’air comme ils l’avaient fait à midi.

Apollonius assista à plusieurs autres séances secrètes, « consacrées, dit Philostrate, à la science des astres, à la divination, à l’art de lire dans l’avenir ; on y faisait les sacrifices et les invocations les plus agréables aux dieux »… « À ces séances, nous dit Damis, Apollonius seul assistait avec Iarchas. Il en a profité pour les quatre livres qu’il a écrits sur l’astrologie et sur les sacrifices. Iarchas fit présent à Apollonius de sept anneaux qui portaient les noms des sept planètes, et Apollonius en mettait un chaque jour, selon le nom du jour. »

  1. Roi de l’Inde, qu’Apollonius avait visité dans son voyage, et qui lui avait donné une lettre de recommandation pour Iarchas.
  2. Qui n’y assista pas, mais qui la rapporte d’après le récit que lui en fit Apollonius.