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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/296

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cervelle d’un coq, de la poussière que touche le cercueil d’un mort, de l’huile de noix, de la cire vierge ; faites du tout une composition que vous envelopperez dans du parchemin vierge sur lequel seront écrits ces deux mots : Gomert Kailoeth ; brûlez le tout, et vous verrez des choses prodigieuses ; mais ceci ne doit être fait que par des gens qui n’ont peur de rien. » (Grimoire dit du pape Honorius.)

11° Charme Agla pour chasser les mauvais esprits. — Signe cabalistique composé des premières lettres de ces quatre mots hébreux : Athali, Gabor, Leolam, Adonaï. Ce charme était fréquemment employé au seizième siècle, par les Juifs, les cabalistes et quelques hérétiques. Il en est longuement question dans l’Enchiridion, un livre de magie ridiculement attribué au pape Léon III.

12° Charmes opérés au moyen de la salive. — La vertu magique de la salive a été de longue date observée chez les anciens. Pline le naturaliste, rapporte, comme une antique coutume, celle de porter avec le doigt un peu de salive derrière l’oreille pour bannir les soucis et les inquiétudes. La salive, dit-on, tue les aspics, les serpents et les vipères. Albert-le-Grand dit qu’il faut qu’elle vienne d’un homme à jeun. La salive est aussi un préservatif contre le maléfice. À l’exemple des anciens, qui crachaient trois fois dans leur gyron pour se préserver des charmes et de la fascination, les sorciers crachent trois fois par terre, lorsqu’ils renoncent à leur commerce avec le diable.

13° Charmes opérés au moyen des rognures d’ongle. — Les rognures d’ongle jouent un grand rôle dans les traditions diaboliques. Le diable les ramasse, disent les sorciers, pour s’en faire une visière ou un chapeau ; mais si l’on fait le signe de la croix avant de les jeter, le diable ne peut plus s’en servir. Une légende absurde du Zohar (livre de cabale) raconte qu’Adam portait d’abord un vêtement d’ongles ou de corne : qu’aussitôt qu’il eut péché, ce vêtement qui le mettait à l’abri des mauvais esprits lui fut enlevé, et qu’il ne lui resta plus que les ongles des doigts. De préservatifs contre l’influence diabolique, les ongles seraient devenus au contraire un instrument et une arme pour le diable. Le Zend-Avesta recommande d’enterrer les rognures d’ongles avec certaines prières ; sans quoi, elles servent d’arme et d’équipement au démon. Dans les légendes du Nord, il est question d’un navire fait avec les ongles des morts, et monté par des démons destructeurs des dieux. Les Musulmans croient également que les ongles sont le refuge des mauvais génies. Un sorcier marocain, chargé de soigner une dame européenne, découvrit que sa maladie était causée par un djinn. Pour le faire sortir, il composa un talisman que la dame dut porter, en ne vivant pendant sept jours que de millet pilé dans du miel, et du bouillon d’un coq noir et vierge ; enfin le septième jour, elle devait couper ses ongles.