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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/299

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17° Charmes composés d’onguents. — Les plus efficaces de ces onguents sont ceux qui sont fabriqués avec de la graisse de pendus, ou celle des petits enfants que le diable fait tuer aux sorciers. À l’exemple précédent peuvent s’ajouter ceux-ci : — D’après les aveux de Gros Jacques et de Françoise Secrétain, dont j’ai déjà parlé, ces misérables possédaient un onguent dont on n’avait qu’à frotter une vache sur le derrière pour la faire mourir. — « En l’an 1564, dit Boguet, un homme d’Orgelet, que je ne nommerai pas, mit la peste en vingt-cinq maisons, en frottant d’une certaine graisse quelques cuillers appartenant aux maîtres de ces maisons ; il fut exécuté à Annecy. » — Jean Humbert, dans son procès rapporté par De Lancre, déclara que le diable au sabbat leur donnait des graisses en les assurant que ceux qu’il en frotteraient, mourraient de langueur. Humbert, en ayant enduit son fouet, fit périr, cinq jours après, les deux chevaux d’un nommé Humblot qu’il haïssait. — Les sorcières devaient s’oindre les cuisses, le ventre et les reins d’un certain onguent avant de se rendre au sabbat.

18° Charmes guérisseurs et préservateurs. — S’il y a des charmes pour donner des maladies aux hommes et aux animaux, il y en a aussi pour les guérir.

Le Grimoire dit du pape Honorius, donne de nombreuses recettes contre la pleurésie, contre les fièvres, les pertes de sang, le mal de tête. — « J’ai vu une sorcière, dit Boguet, qui guérissait de plusieurs sortes de maladies. Pour un cheval piqué, elle disait certains mots en formes de prières, et plantait en terre un clou, qu’elle ne retirait jamais. » On guérit un cheval encloué, en mettant trois fois les pouces en croix sur son pied, en prononçant le nom du dernier assassin mis à mort, et en récitant certaines prières diaboliques. — Pour guérir du mal caduc, les sorciers se servent de la poudre du crâne d’un larron pendu ; ils se servent aussi de la cervelle d’un chat, de la tête d’un corbeau. — Mais souvent les charmes employés sont moins innocents. Les Druides estimaient que la vie d’un homme ne peut se racheter que par la vie d’un autre homme. Les sorciers sauvèrent ainsi la vie de Mumol, grand-maitre de France, en faisant mourir le petit-fils du roi Childebert. Le diable n’abandonne jamais ses droits ; c’est ainsi qu’il exige, pour guérir des suites du maléfice, la mort du sorcier même qui l’a causé. Il obtint ainsi la mort de Jeanne Platet, emprisonnée pour avoir mis les démons au corps de Guillaumette Blondeau. Les parents de Guillaumette ayant poursuivi la sorcière pour qu’elle levât le sortilège jeté sur leur fille, Jeanne Platet y consentit et avoua à la fille qu’il lui suffirait pour cela de faire une neuvaine. Guillaumette fit sa neuvaine ; mais il arriva que, la nuit du dernier jour, la sorcière se suicida en prison et la fille guérit « après avoir jeté par le bas plusieurs petites bêtes en forme de lézards, et par la bouche beaucoup de matière verte. »