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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/301

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de nouveau son sexe ; et, comme sa femme et son enfant le gênaient, il les empoisonna. Feuillet fut condamné aux travaux forcés à perpétuité ; mais à ce procès furent révélés tous les étranges événements dont cet homme avait été accablé et qui lui avaient fait perdre la tête.

19° Charmes pour tarir le lait chez la femme et chez les animaux. — Les sorciers font tarir le lait aux nourrices à l’aide de certaines poudres qu’ils jettent dans leurs potages. Jeannette Gressor, brûlée à Dôle, avait fait ainsi perdre le lait à Claudine, veuve d’Étienne Goguel, et à Nicole Clauderey, de Mossans. — Claudine Vernier, dite la Montagne, brûlée aussi à Dôle, confessa qu’elle faisait passer le lait des vaches de ses voisins aux mamelles des siennes. Le R. P. Dolrio, jésuite, raconte que, du temps qu’il était à Mayence, on brûla à Trèves une sorcière fameuse, laquelle, à l’aide d’une canne qu’elle plantait dans la paroi de sa maison, tirait tout le lait des vaches de ses voisins. Ce sortilège, rapporté par le savant religieux, était, du reste, assez commun et se pratique peut-être encore de nos jours. En tout cas, il est bon de rappeler l’histoire d’une sorcière qui fut brûlée en Autriche au seizième siècle ; on l’appelait « la Dentue », à cause d’une énorme dent, beaucoup plus grosse qu’un doigt de la main, qui saillait hideusement en dehors de sa mâchoire. La Dentue avait fait pacte avec un diable, nommé Bargorym, lequel lui donna une branche d’un arbre d’espèce inconnue, épineuse, noueuse et tordue. La sorcière, quand elle voulait se procurer du lait, n’avait qu’à planter la branche diabolique dans le mur de sa chambre. Aussitôt, Bargorym apparaissait, faisant fête à la Dentue, et du lait se mettait à couler de la branche, comme si c’eût été un robinet ; pendant ce temps, les vaches du village dépérissaient. — Comme préservatif de ce maléfice, ou contre-charme, on met bouillir dans un pot du lait de la vache tarie, en récitant certaines paroles et en frappant sur le pot avec un bâton. Le diable frappe la sorcière qui a jeté le charme d’autant de coups, jusqu’à ce qu’elle l’ait levé, disent les magiciens.

20° Charme dit le Chevillement. — Il consiste à ficher, avec des imprécations, des chevilles de bois ou de métal dans la muraille la plus rapprochée de la victime qu’on veut atteindre par le maléfice. L’effet le plus ordinaire de ce charme est une rétention d’urine. On meurt parfois du chevillement. Pour obvier à ce sortilège, il suffit, selon les grimoires, de cracher dans son soulier droit, avant de le mettre. — Je me borne à rapporter ces maudites choses, je tiens à le rappeler, mon désir étant d’exposer tout ce qui peut venir à l’appui de mes révélations personnelles ; mais, bien entendu, le lecteur fera la part de ce qui est vraiment maléfice diabolique et de ce qui n’est que ridicule superstition.

21° Philtres. — Les charmes qui portent ce nom sont, la plupart du temps, des breuvages faits pour troubler l’équilibre de l’âme et inspirer