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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/31

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« La 15e lame du Tarot tire ses significations de son symbolisme même :


« 1. Le Destin (le hasard).

« 2. La Fatalité, résultat de la chute d’Adam-Ève.

« 3. Le fluide astral qui individualise.

« NAHASH, le Dragon du seuil.
« Rapports divers :

« Hiéroglyphe primitif : le Serpent.

« Astronomie : le Sagittaire.

« Mois : Novembre.

« Lettre hébraïque : Samech (simple). »


Il faut reconnaître qu’il est besoin de beaucoup d’imagination pour découvrir dans une image d’Épinal un tas de si belles choses. Mais ce qui m’étonne, c’est qu’après avoir exposé dans un appareil aussi scientifique le symbolisme occulte du Tarot, le F∴ Papus n’hésite pas à exposer avec le même sérieux les applications ridicules et niaises qu’en font les modernes cartomanciens au point de vue divinatoire. Donnons-en un exemple :


Bâton (Trèfle) :
Création. — Entreprise. — Agriculture.
Roi. — Le Roi de Bâton symbolise un homme brun, ami. Il représente généralement un homme marié et surtout un père de famille.
Dame. — Femme brune, amie. Représente une femme sérieuse, de très bon conseil, souvent une mère de famille.
Cavalier. — Jeune homme brun, ami, etc.


Et ainsi de chacune des 78 cartes du Tarot.

Tel est le Tarot, dit Tarot des Bohémiens, pour le distinguer des vulgaires jeux de Tarot, Tarot allemand, Tarot chinois, Tarot de Paris, Tarot d’Eteilla, qui, « entre les mains de nos tireuses de cartes n’est souvent, comme l’avoue l’occultiste Stanislas de Guaita, qu’un instrument très lucratif de chantage et même de crime. »

D’autre pari, nos modernes mages professent généralement pour le Tarot ou Livre de Thoth le plus profond respect. Quelques-uns même vont jusqu’à en faire la base et le point de départ de leur système, « la partie essentielle de leur méthode divinatoire. » Ils se pâment devant cette Bible en images, comme ils l’appellent, « devant l’harmonieux arrangement de ces lames, leurs mystérieuses allégories, le génie qui a présidé à leur création, et les révélations étonnantes que leurs diverses combinaisons présentent à l’esprit. » Le docte F∴ Papus ne craint pas, dans son Traité méthodique des sciences occultes, de l’appeler « le plus ancien livre du monde. »

Les cartomanciens et cartomanciennes vulgaires ne vont pas chercher si loin ; ils se moquent de Thoth ou d’Hermès : l’Art de tirer les cartes, ou Le véritable Etteilla, leur suffit.