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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/375

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ou un Floquet déposera le paquet, en séance de la Chambre ou du Sénat, entre les mains d’un ministre anticlérical complice, à qui tous les maçons députés ou sénateurs, se levant comme un seul homme, réclameront, avec des cris de bêtes sauvages, de présenter une loi supprimant les congrégations religieuses. C’est alors que seront appliquées les résolutions du convent de septembre 1893 ; et le tour sera joué, en attendant un nouvel acte tendant à la suppression de l’Église elle-même.


Par ce rapide aperçu, on vient de voir comment la secte procède pour aboutir à déchristianiser les peuples catholiques. Ce chapitre de mon ouvrage comporte, si je voulais entrer dans des détails, la matière de plusieurs volumes ; mais, au lieu de m’étendre sur le sujet, j’ai préféré donner seulement quelques exemples bien frappants. En suivant avec attention et dans leur ordre les documents que je viens de reproduire, depuis la lettre de Garibaldi à Pietro Corsigli, on sera frappé du machiavélisme du plan palladiste, on constatera combien tout est prévu — sauf l’intervention de Dieu — dans cette tactique abominablement savante et vraiment infernale.

Il me faut dire cependant quelques mots de l’action de la secte dans les pays où domine le protestantisme.

Là, en politique, on travaille à pousser le gouvernement à opprimer les catholiques ; la dissolution du Sonderbund, en Suisse, le Kulturkampf, en Allemagne, sont l’œuvre secrète de la franc-maçonnerie ; les preuves en ont été données par d’autres auteurs (le père Deschamps, Claudio Jannet, etc.) ; mais la secte ne réussit pas toujours au gré de ses désirs.

En dehors de l’action politique, il est une propagande souterraine qui se fait, et ceci m’amène à parler des Odd-Fellows.

La maçonnerie n’est pas hostile au protestantisme, il s’en faut de beaucoup ; en adoptant la date de 1717 comme création de la secte succédant à celle des Rosi-Crucians, on trouve que le protestantisme a fortement contribué à l’engendrer. Les fondateurs anglais, en effet, Jacques Anderson, Théophile Désaguliers, Georges Payne, Lumden-Madden, Calvert, King et Elliot sont tous protestants ; Désaguliers, notamment, est fils d’un ministre protestant qui avait quitté la France après la révocation de l’édit de Nantes.

Mais les protestants, qui sont dans le secret de la haute-maçonnerie, tirent, pour la plupart, leur origine religieuse des disciples des Socin, c’est-à-dire des groupes d’adeptes de la réforme les plus hostiles au catholicisme. Si l’on peut s’exprimer ainsi, les sociniens sont à l’extrême-gauche du protestantisme, tandis que les puséistes en forment l’extrême-droite ; cela est si vrai, que c’est chez les puséistes qu’ont lieu les plus nombreuses conversions catholiques, tandis que les sociniens sont naturellement tout mûrs pour le luciférianisme ; eux, ils se convertissent à Satan.