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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/378

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En 1817, le forgeron Wildey, régénérateur des Odd-Fellows, partit pour l’Amérique ; il y fonda, en 1819, avec deux francs-maçons, une loge à Baltimore sous le titre distinctif de Loge Washington n° 1. Bientôt, des ateliers furent érigés partout ; mais il s’éleva promptement entre eux des différends, parce que plusieurs prétendaient au titre de Grande Loge quoiqu’ils n’eussent pas reçu de patente ou de lettres régulières de constitution. Wildey parvint à faire admettre que tous les Frères, en général, se soumettraient à une seule Grande Loge, à savoir celle des États-Unis ; ce qui eut lieu en 1825. Dès lors, cette dernière fut reconnue comme l’autorité légitime des autres Grandes Loges qui existaient, au nombre de quatre, ayant neuf ateliers dans leur obédience.

Cependant, les Odd-Fellows américains ne purent se mettre en relations avec les Odd-Fellows anglais du même rite, parce qu’aucune loge des premiers n’avait obtenu de patente de Manchester.

Wildey fit à cet effet, en 1826, et à ses propres frais, un voyage en Angleterre ; et, le jour même de son départ, on lui remit les lettres-patentes qu’il avait demandées et qui constataient que « à la Grande Loge des Etats- Unis était conférée la haute juridiction sur les Odd-Fellows de ce pays, avec le droit d’y fonder des ateliers, sans l’intervention d’un tiers ». — De 1826 à sa mort, qui eut lieu en 1861, Wildey resta presque constamment à la tête de l’association, qui n’était pas encore, du moins jusqu’en 1854, expressément luciférienne.

Vers 1842, de nouvelles difficultés surgirent entre les Odd-Fellows anglais et les Odd-Fellows américains. Ceux-ci n’admirent pas les Frères anglais à leurs travaux, parce que la Grande Loge de Manchester se refusait à faire coïncider le mot de passe avec celui de la Grande Loge des États-Unis, ensuite parce qu’on se proposait d’apporter des changements aux rituels sans entente préalable. La Grande Loge d’Amérique voulait, en outre, qu’on supprimât les banquets dans les loges britanniques, et que, à son exemple, aucune boisson ne fût permise dans les réunions. Un autre point de différence, et peut-être le plus important, fut que les Odd-Fellows anglais payaient moins que les américains et que ceux-ci refusaient de les admettre aux prix fixés en Angleterre. Ces difficultés amenèrent de tels heurts qu’une rupture complète s’en suivit, de sorte qu’il n’exista plus de relations officielles entre les autorités des deux pays.

En 151, les Odd-Fellows d’Amérique tinrent leur séance annuelle dans le local de la Grande Loge Nationale de Washington. Il résulta des rapports qui furent présentés que l’association comptait alors aux États-Unis 28 Grandes Loges, 1.700 loges inférieures et 160.000 membres environ. Le montant des recettes, pour l’année 1850, s’était élevé à 880.389 dollars (4.401.945 francs).

C’est de cette même année 1851 que date l’introduction des femmes dans