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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/493

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marquée à s’isoler de leurs co-sectaires et à avoir des loges particulières, où ils pussent se retrouver chez eux, entre frères de même race, poursuivant un but particulier.

Nous avons vu qu’un certain nombre de juifs avaient réussi à se glisser dans les ateliers maçonniques, bien avant que la question de les y admettre fût solennellement posée, et comment le convent de Wilhelmsbad devança à leur égard l’émancipation décrétée par la Révolution. En hommes pratiques, et habitués, par l’isolement même auquel les condamnait le mépris de la société, à vivre dans une atmosphère de conspiration secrète, ils profitèrent de cette bonne volonté des loges à leur égard pour se servir de la maçonnerie comme d’un échelon sûr leur permettant de s’élever dans la société au rang qui leur avait été interdit depuis tant de siècles.

Par le tableau très exact que je viens de faire des néo-juifs, dont les prototypes sont Bœrne, Heïne, Mendelssohn, on a compris que j’avais raison contre M. Léo Taxil, lorsque je disais que les épisodes bibliques parodiés au sein des loges ne pouvaient effaroucher aucunement les croyances des initiés circoncis, pas plus qu’elles n’offusquent d’autre part les initiés ayant reçu le baptême ; les uns et les autres se valent.

Or, nous savons déjà que le rite des Élus Cohens ou Illuminisme français est dû à un juif, Martinez Pasqualis. Tout à l’heure, je parlerai de Marc Bédarride et du rite de Misraïm. Mais je veux auparavant dire quelques mots du Rite Écossais Ancien et Accepté.

Ce rite est essentiellement une création juive. Je n’entends pas par là que ses 3 grades ont été fabriqués par des israélites ; non, ce n’est point ainsi que les choses se sont passées.

Parmi les rites en grande vogue au siècle dernier, se trouvait celui qui est dit Écossais de Perfection ou d’Hérodom, comportant 25 degrés. En 1761, un juif, nommé Stéphen Morin, reçut d’un Conseil de Souverains Princes Maçons de ce rite une charte constitutive lui donnant la mission de le propager en Amérique ; jusqu’en 1801, le rite y végéta.

C’est à Saint-Domingue que Stéphen Morin s’était rendu. En vertu de sa patente (datée du 27 août 1761 et signée par le frère Chaillou de Joinville, substitut général du comte de Clermont, grand-maître de la Grande Loge Nationale de France), Morin institua deux autres juifs, le frère Moïse Hayes, souverain député inspecteur pour l’Amérique du Nord, et le frère Francken, député inspecteur pour la Jamaïque. Ce dernier démissionna peu après. Hayes s’établit à Boston, y fonda une Sublime Loge de Perfection et s’en intitula grand-maitre ; puis, à son tour, il délivra une patente de souverain député inspecteur pour la Caroline du Sud à un quatrième juif, le frère Isaac Dacosta, qui s’installa à Charleston (1763) comme grand-maitre d’une deuxième Sublime Loge de Perfection. Dacosta eut pour successeur un de ses coreligionnaires, le frère Yousouf Myers.